mardi 9 mars 2010

Un tout petit monde

Vous vous rappelerez peut-être de ce groupe d'étudiantes de toute l'Europe en Erasmus en Turquie, que j'avais rencontré pendant mon voyage en Syrie il y a presque deux ans ? ("This is Syria !" -pas de lien, les carnets sont en papier...)


Soirée normale ce soir à Sofia dans un des petits bars qu'on aime bien. Une fille m'arrête tout d'un coup : "Tu es Eléna, une Française, et on s'est rencontré en Syrie !" C'était Vessela, en jaune sur cette photo ! INCROYABLE ! On s'était rencontré par hasard à Alep et on avait partagé un minibus pour visiter quelques coins inaccessibles en transport en commun... une journée il y a deux ans ! Après coup, je me souviens que Vessela était bulgare, et elle est de passage ici entre la Grèce et la Belgique. Ce n'est pas seulement Sofia, c'est le monde qui est petit !

samedi 6 mars 2010

Claire en Bulgarie

La Bulgarie, ça se mérite : il faut parfois en vouloir pour y arriver, et Claire en veut. Après un train en retard entre la Roche-sur-Yon, une tempête en Vendée, un tronc d'arbre bloquant le train Nantes-Paris, des embouteillages monstres à Roissy, les avions pour Prague annulés -escale pour arriver à Sofia- et un désordre monstre à l'aéroport en France, Claire est finalement arrivée à Sofia ! Sans bagages pendant deux jours, mais l'important était qu'elle soit là. De mon côté, quatre heures d'observation de tout ce qui bougeait à l'aéroport, des retrouvailles, des gens pressés, amoureux, blasés, perdus, heureux, soulagés, impatients, endormis. Comme des chasseurs à l'affût, on guettait les portes s'ouvrant sur les voyageurs, qui ayant sans doute hâte de quitter le monde des avions ne se doutaient pas de l'effet de leur apparition sur nous tous : les bagages apparaissent, "serait-ce enfin lui ou elle ?", tous les regards se braquent sur le nouvel arrivant, les panonceaux appelant M. Untel se redressent, puis on retombe dans la torpeur de l'attente, déçus une fois de plus d'y avoir cru... jusqu'au moment inespéré où tout d'un coup l'attente prend fin !

Cela faisait huit mois qu'on ne s'était pas vues, ce qui est assez habituel finalement pour nous depuis les années qu'on se connaît, mais quels huit mois ! Traversée de Sofia en pleine nuit. Claire me fait le récit de ses (més)aventures et ouvre grands les yeux malgré cette journée épuisante pour son premier contact avec la Bulgarie, sous forme d'une nouvelle langue incompréhensible et de publicités en cyrillique dans les rues. Bien malgré moi, je joue la Robin des Bois de tous les touristes arnaqués par les taxis bulgares car je n'ai pas assez d'argent pour payer la course, et même moins que ce que j'avais dit... Pour une fois que l'arnaque est dans ce sens, ça me déculpabilise.


Fender l'oiseau de nuit -le nouveau volontaire du Balkan Youth Festival et mon nouveau colloc, qui dort environ de 5h à 14h chaque jour, nous attend à l'appart. Kevin lui passe sa dernière nuit à Sofia et dort déjà : Claire et lui se seront ratés de peu. Un peu assommée par les événements de la veille, entre le départ d'Amelie (mon autre collocataire allemande, qui quitte l'appartement et le projet SVE) et l'arrivée de Claire, le départ de Kevin a quelque chose d'un peu irréel.

Après un passage assez éclair au bureau du BYF, direction "chez Toni", le QG de la cuisine bulgare, toujours aussi vivant, authentique et amusant. Comme c'est le premier mars, le jour de Baba Marta (voir "Честита Баба Марта : joyeuse grand-mère Marta"), Toni nous offre des martenitsa. Balade dans les rues de Sofia, vers le théâtre, le boulevard Vitosha, le palais national de la culture, la maison rouge, etc. ; tout le monde arbore des pompons et bracelets rouges et blancs, comme nous : on est presque vraiment locales - il paraît même que Claire ressemble à une Bulgare (plus que moi en tout cas).

Le soir, on retrouve Fender et Paddy, qui passe la semaine chez nous (on le déclare officiellement et avec plaisir notre troisième colloc), pour aller manger dans ce fameux restaurant végétarien, Sun and Moon / Слънце и Луна. Et voilà que par hasard Héodès et Christof arrivent, suivis quelques temps plus tard par d'autres amis : Sofia est si petite ou c'est juste le hasard qui fait bien les choses ?

Claire au Sun and Moon

Paddy le roi de la cuisine

On continue ensuite la soirée à Hambara, ce bar dont j'ai déjà parlé (écrit), éclairé uniquement à la chandelle. Après l'expérience nouvelle du bulgare, c'est une soirée intensément anglaise pour Claire, entre Paddy l'Irlandais et Fender l'Ecossais. L'ambiance est très sympa, un musicien un peu saoûl s'installe au piano, joue et chante. Art Hostel est fermé jusqu'à vendredi (kofti kesmet), alors visite éclaire de The Apartment (on s'était dit avec Christophe que Stéphane devait venir le voir à Sofia, je t'attends !) et fin de soirée chez nous.

Le lendemain, Claire retrouve enfin ses bagages et nous voilà reparties dans Sofia. Etape obligée, on retourne "chez Toni", car c'est une valeur sûre, pour un kavarma au poulet (mélange de viande et de légumes dans un plat bulgare typique) qui marquera Claire. Le tour de la ville continue par le quartier des ministères, de la présidence, la rotonde St Georges, la très jolie église Ste Nédélia (Ste Dimanche), la grande mosquée, les Halles, et enfin, clou de la journée, le marché des femmes.

A la découverte des banitsa (баница), de la boza (boisson fermentée à partir de millet -hmmm), des épices, fruits et légumes bulgares... et des vêtements d'occasion vendus au kilo pour trois fois rien. Autant vous dire qu'on revient chargées !

Ruelle du marché des femmes

Le soir, on s'essaie à un guvetch (en voici deux recettes en lien : 1 et 2), une de mes recettes bulgares préférées pour sa simplicité. Le principe est qu'on peut mettre à peu près tout ce qu'on veut (toutes sortes de légumes, viandes, épices, oeufs...) dans un grand plat en terre cuite, le guvetch, qu'on met au four. Simple, mais très efficace. On retrouve Delyan et Darina (voir Kozloduy : weekend au bord du Danube) au Before and After, et après une tentative infructueuse d'aller à Amsterdam :) puis on rejoint Paddy, Fender, et leur délicieux gateau au chocolat. J'ai l'impression de parler beaucoup de nourriture, je m'en explique : c'est d'abord que j'aime ça, ensuite que ça me paraît très important dans la culture d'un pays, et enfin que Paddy y met tellement d'attention et de soins que je ne pourrais pas ne pas en parler.

Le lendemain, le 3 mars, est férié en Bulgarie car c'est la fête nationale, qui commémore la fin de l'occupation turque. Des défilés et des fêtes sont organisés partout dans le pays. 


Invasion de Bulgares sur la place devant la cathédrale Alexandre Nevski (qui a justement été construite pour les soldats russes qui ont aidé les Bulgares à se libérer des Ottomans)

Jolie plume, mais et dans le car ?

Dédicace à Kevin - je ne pouvais pas m'empêcher

La place Alexandre Nevski

Des groupes folkloriques dansent et chantent entre deux discours, les drapeaux bulgares s'agitent un peu partout...

Malheureusement, pas que des drapeaux bulgares, mais aussi pas mal de drapeaux d'Ataka, le parti nationaliste d'extrême-droite, anti-turc et anti-rom entre autres. Juste devant la cathédrale, ils organisent un grand concert. Dans un sens, on comprend qu'ils fassent leurs choux gras de cette journée qui représente le départ des Ottomans de Bulgarie, mais ce qui nous paraît étrange c'est que le gouvernement les laisse être les seuls présents sur cette place hautement symbolique. J'ai cependant appris plus tard qu'il y avait apparemment d'autres concerts et feux d'artifices organisés par la ville, à d'autres lieux.

Défilé d'Ataka dans les rues de Sofia

A l'intérieur de la cathédrale Alexandre Nevski
Petite entorse à la règle -frustrante- d'interdiction des photos dans les églises orthodoxes. Mais là c'est je trouve belle moins l'église elle-même et ses îcones que la douceur de la lumière.


Pope devant la basilique Ste Sophie (qui a donné son nom à la ville)

La toute petite église russe St Nicolas, qui me rappelle toujours les châteaux de contes de fées. Une messe a lieu pour une vingtaine de personnes - il n'y aurait de toute façon pas beaucoup de place pour plus. Le pope récite la messe en balançant son porte-encens, qui embaume toute l'église. Dans la crypte, des croyants écrivent leurs prières au saint sur des petit bouts de papier et les glissent dans l'urne. On préfère le voeu païen de l'oeuf du bonheur face à l'église.

Balade dans les rues, jusqu'à une "mehana" (taverne bulgare) qui ne vaut pas "chez Toni" (et oui encore :))



L'entrée de l'université de Sofia. Presque sans surprise, on rencontre par hasard Valya et son copain Nicolas, puis pas mal de collègues de l'Institut Europeén. En fait, beaucoup de gens sont réunis pour la première visite en Bulgarie du président du Parlement européen, Jerzy Buzek (son discours et un article - notez ses martinitsa !).

Grand Hotel Bulgaria

Ecole bulgare

On ne reste pas à Sofia pour la fête nationale car le temps de Claire en Bulgarie est compté, et on part pour Belogradtchik, "la petite ville blanche", à quelques dizaines de kilomètres de la Serbie et de la Roumanie. Elle est connue mondialement pour ses magnifiques formations rocheuses et était candidate pour les sept merveilles de la nature (aux côtés des chutes du Niagara, du mont Everest et du Grand Canyon notamment).


Il fait nuit noire quand on arrive dans le village. Aucun moyen de voir si nous sommes entourées des fameux rochers : ce sera la surprise demain matin. Les rues sont désertes, on marche sans trop savoir où on va, mais il nous semble avoir fait à peu près le tour du centre en un quart d'heure une demi-heure. Entre glauque et drôle, c'est une expérience rare d'être dans un endroit sans trop de repère, sans voir grand chose, sans connaître personne. On prend une chambre -toute verte- dans l'une des rares maisons d'hôte ouvertes à cette saison creuse, puis on va manger quelque chose, puisqu'il ne semble pas y avoir grand chose d'autre à faire vu notre petit tour de reconnaissance. La mehana Madonna n'a pas d'autres clients que nous et le serveur s'ennuie très visiblement, mais on passe une très bonne soirée.

Le lendemain, on redécouvre le village. C'est aussi petit que ce qu'on avait vu la veille, mais il y a quand même des habitants et c'est tout de suite plus vivant. En route pour les rochers de Belogradtchik !


Ni les fameux passages étroits d’Oule en Provence, ni le défilé Pancarbo en Espagne, ni les Alpes, ni les Pyrénées, ni les plus célébres montagnes de Tyrol en Suisse n’ont rien de comparable avec ce que j’ai vu en Bulgarie, auprès de Belogradtchik.
Jérôme Blanqui, voyageur français, 1841


Une forteresse a été construite à l'Antiquité (puis complétée au Moyen-Age et au XIXe siècle) entre les rochers.




La vue est à couper le souffle. On dirait qu'on a été projetées dans un monde parallèle fantastique.


Même tout en haut, on a trouvé des martenitsa accrochées aux branches des quelques arbres qui poussent ici.

J'ai l'impression d'un mélange entre le Grand Canyon -où je ne suis jamais allée- et le monde des Pierrafeu (notre chambre d'hôte s'appelait d'ailleurs Bedrock, comme leur ville !)


Bien sûr pour un tel endroit, de nombreuses légendes expliquent l'apparition de ces roches mystérieuses. On dit qu'il y a longtemps, il y avait là deux monastères, un uniquement pour les hommes et l'autre pour les femmes. Or, Valentina et Antonio, étaient tombés amoureux. Ils eurent un enfant, qui resta caché dans le monastère des femmes. Un jour, on l'entendit pleurer, il fut découvert et Valentina fut chassée. Antonio accourut, monté à cheval. A ce moment, un orage se déchaîna, la foudre s'abattit sur les deux monastères et tout fut pétrifié. C'est pourquoi certaines roches sont appelés "le chevalier", "la madone à l'enfant", "les moines", ou selon l'imagination d'autres spectateurs, "Adam et Eve", "l'élève", "l'ours", "les champignons"... 


La neige commence à tomber, pour ne plus s'arrêter.


Retour au village après une mauvaise rencontre en sortant de la forteresse. La femme censée vendre des billets pour y entrer, dans une petite cabane loin de l'entrée, sans que rien soit indiqué, visiblement absente quand on est passées, nous a accueillis par des menaces d'appels de la police si on ne payait pas. Tout bien réfléchi, rien que pour son antipathie, j'aurai aimé voir si elle l'aurait fait. Seules les cartes d'étudiants bulgares donnant accès à des réductions, et pas les françaises, prix fort. C'est contraire au droit de l'Union européenne......

Encore une Lada !


Un voyage sans galères n'en est pas vraiment un. Je pensais qu'on pourrait rentrer pour cette dernière soirée de Claire en Bulgarie par le bus de 15h30. Or, il n'existe pas, le seul est parti très tôt ce matin... Du stop ? Il n'arrête pas de neiger, il fait froid et on est dans un tout petit village. Je demande conseil à deux vieilles dames, qui nous expliquent qu'il faudra prendre un taxi pour aller dans un autre village, puis prendre un train vers 17h, qui arrivera à Sofia vers 22h... Encore une heure et demi à passer dans ce village où il n'y a vraiment pas grand chose... Mais une fois encore se confirme cette loi  que les galères sont souvent sources des plus belles rencontres, les plus généreuses et inattendues. Comme celle avec Angelina.

Les champignons-rochers, Angelina et Claire

Angelina la bien nommée était l'une de ces deux vieilles dames à qui j'ai parlé. Une rencontre courte, mais qui a suffit pour se rendre compte que cette femme a le coeur sur la main, et le sourire, le sourire. Elle vient de Belogradtchik et aime beaucoup ce village. Alors que Claire et moi sommes dégoûtées d'être coincées là alors qu'il y a encore tellement de choses dont on veut profiter en Bulgarie avant qu'elle parte, elle nous prend sous son aile et nous emmène faire un grand tour de la ville, nous expliquant tout, plus énergique que nous qui avons quarante ans de moins qu'elle.


Elle nous laisse à un de ses amis chauffeurs de taxi, en nous offrant des chocolats. On est comblées d'avoir raté ce bus, qui nous a permis de rencontrer cette femme. Elle nous a inondé de sentiments positifs et les quatre heures de train qui ont suivi sont passées sans qu'on les voie.

La "malédiction de Veda House" se poursuit avec Claire. Jamais deux sans trois : Veda House est un salon de thé près de chez moi que j'aime beaucoup et que je voulais montrer à ma famille et à Christophe quand ils sont venus. Mais à chaque fois, on n'eut le temps d'y aller que pour le dernier repas ou thé avant leur avion, en étant pressés par le temps, alors que c'est un endroit dont il faut profiter avec lenteur. Pour ça, on s'était dit avec Claire qu'on y irait tranquillement la veille de son départ. On s'installe, pensant avoir réussi notre coup... mais la cuisine est fermée. Il faudra y retourner demain avant son départ. Et Sun and Moon est fermé aussi... Finalement, on trouve un endroit encore ouvert sur le boulevard Vitosha, qu'on appelle parfois les Champs Elysées bulgares : classe aussi pour cette dernière soirée.  

La Sofia des jeudis soirs n'est pas très animée : on fait une sorte de tournée des bars sans s'y arrêter car ils sont trop vides et manquent d'ambiance, avant d'arriver au Lorca (24 rue Slavianska , sous le restaurant  Machu Picchu qui fait le coin entre les rues Slavianska et Shishman), l'un des meilleurs endroits où sortir de la ville, où bien sûr on tombe sur toute une bande de copains macédoniens et bulgares ! Tout est bien qui finit bien pour cette journée très remplie.

L'église des sept saints, qui est aussi très belle.

Branle-bas de combat le lendemain car on veut encore aller à pas mal d'endroits et trouver des cadeaux pour la famille de Claire. On arrive au marché des Antiquaires et la neige tombe de plus belle. Peu sont les vendeurs qui ont bravé le froid ce matin. Tant pis, Claire trouve quand même une partie de son bonheur.

Dans le tram


On retourne ensuite au marché des femmes, au stand des guvetch et des poteries que je n'ai trouvé à aucun autre endroit de la ville. Au passage, elle ramène un peu de liotenisa (purée de tomates et de poivrons rouges - image à droite), des épices (la tchubritsa, le sharena sol), de la boza (cette boisson étrange à partir de millet ou de blé), de la rakia (l'eau-de-vie à base de raisins ou de prunes) : de quoi faire partager un petit bout de Bulgarie au l'autre bout de l'Europe.


On a même presque le temps de se poser tranquillement à Veda House, puis déjà c'est l'heure du départ. En espérant moins d'encombres qu'à l'aller ! Encore une semaine qui est passée à toute allure : le temps ne court pas, il vole comme on dit ici. Merci encore pour ta visite Claire et à bientôt !

lundi 1 mars 2010

Честита Баба Марта : joyeuse grand-mère Marta !

"Tchestita Baba Marta" à tous !

Sofia, du gris des immeubles et de la neige devenue boue à la fin de l'hiver, est tout d'un coup devenue entièrement rouge et blanche depuis quelques semaines, des rues aux gens. C'est que voici venu le mois de Baba Marta, que je trouve être l'une des plus belles traditions bulgares.

La place Popa à Sofia

Le 1e mars, tous les Bulgares s'offrent des "martenitsa", des bracelets de toutes formes, des pompons ou des figures en laine à accrocher sur ses vêtements, du côté du coeur -ce qui compte est qu'elles soient en rouge et blanc.


Tous les amis et connaissances s'en offrent, et même parfois les vendeurs dans les magazins à leurs clients. C'est très rigolo de voir tout le monde se balader avec ces couleurs depuis le début du mois, ça donne l'impression d'une complicité entre les gens, d'un signe de reconnaissance.

Mon premier Pijo, en blanc, qui doit être accompagnée par son alter ego rouge, Penda. Derrière, Dessi, une stagiaire qui travaille trois semaines avec nous pour le Balkan Youth Festival.

Les martenitsa apportent santé et prospérité. Il faut normalement les garder jusqu'à ce qu'on voie une cigogne voler dans les airs ou un arbre en fleurs, signes de la fin de l'hiver. On les accroche alors à des branches d'arbre, d'où personne ne doit les décrocher, ou encore sous une pierre. En se baladant en Bulgarie, pendant toute l'année, on peut voir des martenitsa un peu partout, dont à des endroits improbables (comme au milieu de la forteresse de Belogradchik), et sans doute parfois très vieilles.


Claire et des martinitsa, Belogradchik

Baba Marta, Grand-mère Mars, est responsable du temps et de l'arrivée du printemps. On dit que selon son humeur, le soleil se montre ou la neige tombe. Comme elle est très capricieuse, ça donne de très belles journées où on se prend à rêver du retour de la chaleur, puis soudain le retour de la neige et du verglas, où tout le monde se plaint d'elle et de son caractère lunatique.




Quelques versions de l'origine de cette tradition unique au monde. A vous de voir celle que vous préférerez garder (de http://www.bulgaria-france.net/) :
Grand-mère Marta était sortie avec sa petite fille Martitchka emmener les brebis au pâturage. Elle tricotait et Martitchka (la petite Marta) jouait avec les agneaux. Soudain, un vent très fort se mit à souffler et fit s'envoler le tablier de la petite fille, qui commença à pleurer. Les buissons s'étaient colorés avec les filaments rouges et blancs du tablier. Pour la calmer, Baba Marta récupèra les filaments blancs et rouges, les torsada et les enroula au poignet de Martitchka, ainsi qu'autour du cou des agneaux. Les amies de Martitchka arrivèrent et Baba Marta leur offrit également des petits bracelets. C'était un 1er mars.
Une seconde version :
Khan Asparukh (le fondateur du premier royaume bulgare en 681) avait promis d'envoyer à sa femme un fil blanc lié à la patte d'un pigeon dès que la bataille se serait terminée pour l'informer de la victoire. Au cours de cette bataille très longue et pénible Khan Asparukh fût bléssé au bras et des gouttes de sang tachèrent le fil blanc. Ce fût ainsi que nacquit la première martenitsa, signe de victoire et de prospérité. C'était un 1er mars.
Ou encore (http://belgaria.chez.com/) :
Les hommes qui partaient à la guerre laissaient leurs familles dans les villages et les femmes, qui souffraient de l'absence de leurs maris, leur donnaient donc de petites bandelettes de tissu rouge et blanc pour protéger leurs mains et des petites poupées de laine (blanches pour les filles et rouges pour les garçons), afin qu'ils se souviennent de leurs enfants. La couleur rouge représente le sang des guerriers, tandis que le blanc était la couleur du visage des femmes inquiètes par la guerre.
Une dernière (parmi tant d'autres) :
Les cinq fils de Khan Kubrat étaient à la chasse accompagnés par leur soeur Houba. Un oiseau arriva soudain vers eux, leur apportant de mauvaises nouvelles. Le fondateur de la Bulgarie était sur son lit de mort. Kubrat voulaient faire revenir ses fils - Bayan, Kotrag, Asparuh, Kuber et Altsek - et leur faire promettre de défendre la Bulgarie et de rester unis.
Peu après la mort de leur père, les Khazars envahirent leurs terres. Le Khazar Khan Ashiba conquit la capitale et Houba, la fille de Kubrat, fut faite prisonnière. Souhaitant donner à ses frères la possibilité d'être libres, Houba tenta de se suicider, mais elle en fut  empêchée par les gardes.
Ses frères tenirent leurs promesses de différentes manières. Bayan resta avec sa sœur et reconnut la suprématie des Khazars. Kotrag partit au nord, vers la rivière Volga, tandis que Asparuh, Kuber et Altsek partirent au sud à la recherche d'une terre sans oppresseurs. Ils conclurent secrètement avec Houba d'envoyer un mot attaché par un fil blanc à la patte d'un oiseau, dès qu'ils auraient réussi à trouver une terre libre.
Un jour, un faucon envoyé par Asparuh arriva dans la chambre de Houba. Bayan et Houba décidèrent de partir secrètement. Alors qu'ils cherchaient à traverser le Danube, leurs poursuivants les repérèrent. Essayant de trouver un passage, Houba laissa le faucon libre. Elle avait attaché un fil blanc à sa patte et le tendit à son frère.
Quand l'oiseau fut sur le point de s'envoler, une flèche ennemie perça Bayan et de chaudes gouttes de sang tâchèrent le fil blanc. Néanmoins, Bayan et Houba atteignirent la terre qu'Asparuh avait trouvée. Il accueillit son frère mourant et sa sœur. Il déchira en morceaux le fil coloré en rouge et blanc et en orna ses soldats.
Alors joyeuse Baba Marta, et comme on souhaite ici à tout bout de champ (encore tout à l'heure, ma voisine de tramway, une vieille dame turque très gentille), que vous soyez vivants et en bonne santé !