lundi 22 février 2010

Jelen, ou un weekend au vert

Après les nombreuses visites à Sofia de nos amis Paddy et Corrado, à nous de leur rendre visite dans les montagnes des Balkans (Stara Planina). Comme nous, ils sont volontaires du Service Volontaire Européen, mais aussi de WWOOF Bulgaria (World Wide Opportunitites on Organic Farms) et voyagent de ferme en ferme (on était aussi allé les voir avec Christophe à l'Happy Hippy Hostel il y a un mois).

Paddy, un cuisinier exceptionnel à qui on prête avec plaisir la cuisine chaque fois qu'il vient, nous fait goûter une recette inédite : le burger à l'autruche ! (Des chiens ont tué quelques autruches à l'Happy Hippy Hostel...)

Quelques jours plus tard, Corrado, fidèle à ses racines, nous fait des carbonara mémorables (plus besoin de manger pendant trois jours) : bellissimo !

Jelen

Départ, Christoph (un copain autrichien en Erasmus), Kevin, Rebekka (une amie volontaire à Burgas) et moi. Hâte d'arriver mélangée à un peu d'angoisse à l'idée de passer la nuit dans une grotte dans la montagne (c'est le plan).

Arrivée à Tserovo, un petit village d'où on va rejoindre Jelen à pied. Heureusement pour nous, tous les ponts ne s'arrêtent pas au milieu de la rivière...

Kevin ouvre la voie.

Paddy ☺

Christoph

Le "Grand Balkan" / Stara Planina

Christoph (photo de Kevin)

Déjà le printemps ?

Arrivée dans la ferme


A la recherche de bêtes étranges de la forêt

Marin, un copain bulgare de Corrado (des Green Balkans, un centre pour oiseaux blessés à Stara Zagora, voir en août dernier, Стара Загора - Stara Zagora - "Derrière la vieille montagne" )




La maison des volontaires, à droite (photo de Christoph)

En fait, Jelen n'est pas un village, mais un ensemble de maisons éparpillées dans la montagne. A part un couple de voisins, il faut marcher plus d'une demi heure pour rencontrer d'autres habitants. Faire des courses, se chauffer, et même se laver sont un peu des aventures en soi et demandent une bonne dose d'organisation. Mais malgré la facilité de la vie urbaine, il y a des paysages qui valent bien des sacrifices.

On est arrivé un peu tard pour la nuit dans la grotte, alors tant pis (tant mieux ?), finalement on reste dormir dans la maison.

Lidija, une amie bulgare de Paddy (photo de Kevin)



Corrado s'occupe du feu.


La tikvenik (banitsa à la citrouille -mes préférées) de Marin est très réussie (photo de Lidiya).




La magie (noire ?) de la forêt

lundi 15 février 2010

Kozloduy : weekend au bord du Danube


Weekend à Kozloduy, chez un bon copain bulgare, Delyan -que les lecteurs bretons pourront croiser dans les rues de Quimper -il y est sans doute plus que moi - notamment en juillet prochain.

Voyage de quelques heures, la neige tombe à mesure qu'on avance dans le Nord.

Козлодуй / Kozloduy

Kozloduy, connue pour être la ville où le poète révolutionnaire Hristo Botev a débarqué de Roumanie pour se lancer dans un opération suicide contre les occupants turcs quelques années avant la libération de la Bulgarie, et puis plus récemment pour son usine nucléaire qui n'était pas aux normes européennes. A vrai dire, c'est une petite ville bulgare assez typique où il n'y a pas grand chose à faire, au bord du Danube.

L'accueil chez la famille de Delyan est très hospitalier, comme toujours ici en Bulgarie de mon expérience. L'appartement se trouve dans un des grands blocs le long du fleuve. Voici la vue de la fenêtre.

En face, pas encore la Roumanie, mais une île bulgare sur "Le Beau Danube Bleu".

"Supermarché Soleil - chez nous c'est bon". Hé ben... :-p

Le début de soirée est très "bulgare" : on mange dans une "механа", taverne bulgare traditionnelle (en bois, aux couleurs de la Bulgarie, les serveurs en costumes typiques, et souvent des chanteurs qui se baladent entre les tables) avec des amis de Delyan -dont un fête son anniversaire- qui m'apprennent (plus ou moins) comment prononcer le "ъ" bulgare, un son qu'on n'a pas en français et qui me paraît très bizarre. Darina, sa petite soeur, nous accompagne : une fille très sympa, passionnée de portugais, de linguistique et d'"exactitude grammaticale" ! Après quelques pas de horo, on part dans un des quelques bars sympas de la ville.

Les rues de la ville sont complètement désertes. Le "Piano Bar" est écrit en néons rouges. On descend un petit escalier et arrive devant une penderie... complètement vide : ça annonce la couleur. Une mémorable crise de rire me prend : on arrive dans le bar désert, où deux musiciens jouent des airs romantiques "à la guimauve".


J'écris "désert", mais ce n'est pas exactement vrai, il y a un client, un grand mec un peu barraqué, les cheveux en cuche / queue de cheval, et surtout un tshirt avec une tête de tigre rugissant ! A ce stade, je suis obligée de me cacher derrière la carte des boissons car je n'en peux plus de rire ! Inoubliable !


On n'en passe pas moins une très bonne soirée et le bar finit par se remplir un peu plus. L'un des copain de Delyan, Peter, nous rejoint. C'est le champion de Kozloduy : j'ai appris cette tradition bulgare qui veut que le 6 janvier, une croix est lancée dans l'eau et les hommes de la ville doivent plonger la chercher - et lui a gagné cette année ! Et comme Darina à Plovdiv, il m'explique des tas de choses sur le point de vue bulgare sur leur histoire, sur les questions habituelles qui m'intéressent, comme les rapports avec la Macédoine, les Turcs en Bulgarie, les Roms... J'avais vraiment envie de l'enregistrer ! Lui aussi est allé à Quimper (ils étaient tout un groupe de Kozloduy) et me donnent ses impressions : la situation exactement inverse de la mienne. A adoré les crêpes, mais pas du tout les fromages.
"Mes fromages français préférés : la mozarella et la feta !"

On quitte le mec au tigre pour rejoindre les flaques de neige et dormir un peu.

Balade au bord du Danube avec Darina




Ce 14 février, en plus d'être le Nouvel An Chinois et la Saint Valentin, c'est la Saint Triphon, censée être la première fête printanière et le jour des vignerons. Il faut normalement aller couper symboliquement les vignes et boire du vin pour assurer la prospérité de l'année. Pour cette occasion, c'est la fête dans la ville ! Ci-dessus, un homme en costume traditionnel.

La vigne à couper pour Saint Tryphon


En chemin, on entend tout d'un coup une fanfare jouer... Une porte, on nous invite à entrer.


Tous les plus beaux airs traditionnels des Balkans y passent, de "Nazad nazad mome Kalino" à Yovano Yovanke" et la fameuse "Kalashnikov" de Goran Bregovic. Un bon punch et des musiciens doués, surtout aux trompettes ! Par contre, qui sont-ils ? On dirait une amicale de vieux copains. J'ai l'impression d'être en expédition ethnologique et ce spectacle me fait beaucoup sourire.




Retour chez Delyan, Darina et leurs parents.

Darina

Le père de Delyan et Darina

Delyan


A bord du Radetski, le bateau (sa reconstitution) sur lequel Hristo Botev est arrivé en Bulgarie pour soulever une révolte contre les Turcs.

Et là-bas, la Roumanie ! Sur près de 500 km de frontières, un seul pont existe entre les deux pays, à Rusé. Une fois de plus, j'ai ramené de l'eau : la collection s'enrichit !

"Celui qui tombe dans un combat pour la liberté, lui - il ne mourra jamais." Hristo Botev. Il paraît que l'inscription est aussi à la Sorbonne ?! L'encrier et la plume de la dernière lettre à sa femme.


La forêt a été "sculptée" pour former les iniatiales (cyrilliques) de Hristo Botev : ХР. Б.

Retour vers Sofia. Les paysages et le ciel sont presque de la même couleur...