jeudi 1 juillet 2010

Rencontre entre Steftcho et les Bulgares

"Stéphane, mais c'est un prénom bulgare ça ! Appelons-toi "Steftcho" alors..." A peine les présentations faites, Stéphane est déjà intégré.

Mais commençons par le commencement : à l'aéroport. En attendant son arrivée, je remarque à nouveau avec curiosité ces scènes d'attentes. C'est un peu comme une remise de prix : tout le monde se regarde du coin l'oeil pour voir qui va être le prochain gagnant ; jusqu'à l'arrivée des voyageurs, on est tous un peu égaux - bien qu'on ne pourrait pas être plus différents - puis dès que la personne qu'on attend arrive, la solidarité qui nous unissait est oublié en un instant et on part tous de nos côtés. J'essaie de deviner d'où viennent les voyageurs, en vain généralement, sauf par exemple cet homme tenant à la main un guide intitulé "Bulgarie". Puis Stéphane arrive ! On retrouve justement à l'arrêt de bus le francophone de tout à l'heure (c'est un détail qui comptera), je lui donne un ticket de bus et lui explique comment le poinçonner dans les bus bulgares. Voilà que quelques arrêts avant celui où on est censé descendre, une contrôleuse arrive et m'explique que quand on achète un ensemble de dix tickets (appelé "talon" ici), il n'est valable que pour une seule personne, ce que j'ignorais jusqu'ici. Elle demande une amende pour les deux tickets que j'ai donné à Stéphane et à cet autre voyageur. J'explique que je ne connaissais pas cette interdiction et qu'on pensait vraiment être en règle, mais elle n'écoute pas, me crie dessus, puis à l'arrêt de bus où l'on descend, s'accroche fermement à mon sac et refuse de lâcher. Sa colère attire les personnes qui attendent le bus à l'arrêt et peu à peu on se retrouve entourés d'une bonne dizaine de Bulgares... qui prennent tous notre défense ! Il semble en effet que cette femme ait pensé avoir trouvé le filon en s'en prenant à des étrangers, car il y a par ailleurs de gens qui ne paient pas de tickets, car notre situation est clairement due à une incompréhension et car les contrôleurs laissent généralement passer beaucoup plus d'irrégularités. Tout d'un coup, elle me lâche un instant (une façon de s'en tirer avec dignité alors que tout le monde est contre elle ?) et Stéphane et moi nous mettons à courir le plus vite possible dans les rues de Sofia! Dommage qu'on n'ait pas eu le temps de remercier tous ces gens qui nous ont aidé.

On va ensuite manger "chez Toni", où Boris, un habitué que je connais un peu, nous offre du vin et finit par s'installer à notre table pour discuter ! Pour continuer dans la cuisine bulgare, on est invité par deux amis bulgares, Delyan et Darina, à manger des spécialités chez eux.

Tim, Jose, Delyan, Veselin, Alexandra, Darina, moi et Stéphane

La journée du lendemain commence dans l'après-midi. On croise par hasard dans la rue Alex, le Colombien francophone (il vit en Belgique) à qui j'avais donné un billet la veille et qui s'était retrouvé malgré lui dans ces embrouilles avec la contrôleuse enragée. Il a loué une voiture et nous propose de le rejoindre pour voyager avec lui en Bulgarie pour le weekend. 

Stéphane et Alex

Le soir, des amis viennent manger chez nous (une façon de prouver à Stéphane que si si maintenant je cuisine), et déjà le temps des au-revoir commence, puisque Béranger quitte la Bulgarie et part travailler à Istanbul...


Un weekend en Bulgarie

Le lendemain, lever bien plus matinal que d'habitude pour aller rejoindre Alex et partir vers le monastère de Rila. On y arrive juste avant les bus qui partent de Sofia et les touristes qui se réveillent, ce qui, malgré le ciel gris, rend le lieu encore plus beau. On se demande comment la dizaine de moines qui vivent là peuvent se retirer dans la prière et la méditation avec le succès touristique -mérité- du monastère...




On part ensuite de l'autre côté de la montagne Rila pour voir enfin les fameux sept lacs dont j'ai tant entendu parlé mais que je n'ai toujours pas vu. Au fur et à mesure des lacets dans la montagne, les températures diminuent. Arrivé à la station de téléférique à partir de laquelle on peut accéder aux lacs, il fait déjà seulement 9 degrés, et pleins d'optimisme, on n'a pas pris de manteaux avec nous. Comme le prix de la montée est assez cher et que il faut compter vingt minutes pour arriver en haut, on commence tous les trois à hésiter, même si on se dit que ce serait dommage d'avoir fait tout ce chemin pour s'arrêter à cette station. La jeune femme au guichet, qui nous a prévenu qu'il ne ferait que 5 degrés là-haut, comprend nos hésitations, et nous propose de nous prêter son manteau et ceux de ses collègues ! Il n'en faut pas plus pour nous convaincre. Alors qu'on s'éloigne peu à peu de la station dans les nacelles, l'air se rafraîchit et le silence devient plus paisible. Le brouillard est épais, on traverse des nuages et on monte toujours plus haut vers cette masse blanche qui couvre la montagne. Une fois arrivée, après un café chaud dont on rêvait dans le chalet des "Septs lacs", on se lance sur le sentier pentu qui se perd dans le brouillard. Peu à peu les premiers lacs apparaissent.


Puis voilà de quoi le brouillard a l'air ! L'occasion d'expérimenter quelques photos...



Oui, c'est bien de la neige... 

Retour de l'autre côté des nuages, dans une ambiance fantastique.

On reprend la route tous les trois. Le temps de rattraper un peu le peu de sommeil de la nuit, le paysage n'a plus rien à voir. Fini Rila, on est dans la région de la montagne Pirin, en Macédoine bulgare.


Je n'ai jamais vu de montagnes comme Pirin. On dirait qu'elle a été tranchée en coupes, car la végétation ne pousse pas sur ses flancs.

Au monastère de Rozhen, où seuls deux moines vivent encore, dans un cadre enchanteur.

Melnik, la plus petite ville de Bulgarie (je crois bien que le nombre d'habitants qui déterminent ce qu'est une ville par rapport à un village est fixé sur Melnik, pour lui garder cette réputation), connue pour ses maisons, ses montagnes, et surtout : son vin.

 Maison macédonienne


 Dans une "mehana", restaurant traditionnel bulgare (овчарска салата, salade du berger)

Le soleil se couche sur une journée remplie...

On passe la nuit à Sandanski, chez une amie que j'ai rencontrée pendant le Balkan Youth Festival, July. Elle nous accueille avec une générosité et une hospitalité remarquables. Le lendemain, "energizer" pour se réveiller  et leçon de "horo" pour Alex et Stéphane - July est l'une des meilleures danseuses bulgares que je connaisse !

Alex, Stéphane et July

On quitte Sandanski pour continuer notre route vers l'Est, en longeant la frontière avec la Grèce. Alex conduit... très vite. Il dépasse une voiture, une autre arrive en face, nous fait un appel de phare, et juste après, la police nous attend et nous fait signe de s'arrêter... Là, le beau weekend qui commençait est passé tout près de finir sur cette petite route bulgare. Je traduis ce que nous disent les policiers: 250 levas d'amende, 3 mois de retrait de permis -dans le doute je vérifie sur le livret qu'ils me montrent, et c'est bien le tarif normal, pas "spécial étrangers". Sachant qu'on a une voiture louée et qu'Alex prend l'avion à Sofia dans deux jours, on commence à imaginer les galères à venir. Je n'ose pas trop argumenter non plus parce qu'il n'y a pas d'injustice, on était bien en tort. Mais soudain le policier me rend le permis: était-ce parce qu'Alex et Stéphane étaient en vacances ici, parce que je parlais bulgare ou simplement parce que ces policiers étaient dans un bon jour ou juste très sympas ? Toujours est il qu'ils nous laissent partir ! Sans nous demander d'argent du tout, contrairement aux idées qui circulent... On a eu vraiment de la chance.

Les routes des Rhodopes, autour de Gotse Delchev, sont magnifiques. C'est la première fois que je viens ici. La montagne est encore très différente de Vitosha, Pirin, Rila ou Stara Planina. On traverse beaucoup de villages, où les minarets sont plus fréquents que les clochers : on se trouve dans une région où vivent beaucoup de Pomaks, Bulgares islamisés du temps de l'occupation ottomane.

Pause au bord d'un très long lac (18 km) à Dospat

Au passage, on prend un autostoppeur, Liobo. Il vient de Devin, enseigne le bulgare au lycée et voyage chaque weekend en stop dans des monastères bulgares, d'avril à novembre pour éviter les froids hivernaux. Il a planté sa tente la nuit dernière au monastère de Rozhen. Le soleil se levant sur les montagnes de Melnik doit valoir à lui seul le voyage.

La route pour aller vers la grotte de Yagodina. On est tous les trois époustouflés par ces falaises qui nous entourent. Pas étonnant que tant d'histoires sur le diable ou sur Orphée circulent sur cette région !

Dans la grotte...



On rentre ensuite vers Plovdiv. Là, la fatigue de la route et du weekend aidant (et la faim aussi peut-être), l'ambiance dans la voiture commence à devenir tendue entre Alex et moi. Il est temps de rentrer. On mange dans une mehana de Plovdiv conseillée par deux passants très aimables. Alex nous quitte pour aller dormir et nous nous baladons Stéphane et moi dans les rues de la vieille ville, très calmes, gardées fidèlement par des hordes de chats. Il est presque deux heures, on se dirige vers la gare pour prendre le train qui arrive à Sofia au matin. Deux jeunes Bulgare et Arménien très sympas nous indiquent le chemin et discutent avec nous dix minutes, des langues, du travail, de leur envie d'aller en France... Le train est bondé et la nuit agitée, mais ça fait quand même du bien d'être de retour. En un weekend, j'ai l'impression d'avoir vécu une semaine !

Le lendemain, après avoir récupéré et après une journée au bureau pour moi, on va manger au fameux Sun and Moon, que tous les amis passés à Sofia connaissent... et adorent. On retrouve ensuite des copains allemands, Couchsurfers venus quelques mois en Bulgarie, qui nous emmènent voir une pièce de théâtre. Une expérience intéressante pour Stéphane, Benno et Andre, qui à défaut de comprendre les dialogues en bulgare observent les lumières, la mise en scène, le décor... C'est à peine surprise que je revois ENCORE par hasard Zlati. Ca ne fera que la quinzième fois cette année... (voir Festival de koukeri à Pernik) (depuis je l'ai encore recroisée - par hasard bien sûr).

Stéphane et Zlati

On rejoint tous les trois Christof (d'Autriche) et Povka (de Lithuanie) au Lorca, un petit bar décoré d'inscriptions en toutes les langues (rue Shishman) et on accompagne Zlati à une soirée... qui a fini avant qu'on arrive. C'est vrai qu'on est lundi soir...

Mardi. Promenade dans Sofia après le bureau, de banc en banc.


Retour au Sun and Moon, Stéphane est converti à sa cuisine, et fin de soirée tranquille à The Apartment.


Mercredi : déjà la dernière journée en Bulgarie. Finalement, on a décidé de ne pas célébrer le "July Morning" sur la côte, comme il se doit en Bulgarie, car l'idée du premier soleil de juillet se levant sur la mer Noire ne fait pas le poids face au voyage de douze heures en deux jours pour une nuit probablement sous la pluie.


Passage au marché des femmes, au stand "giovetch", où la petite vendeuse souriante commence à me connaître.

Coup de foudre à Sofia

Les meilleurs restos de Sofia sont végétariens, alors même si nous non, on passe quand même cette dernière soirée à Veda House, un salon de thé-resto ayurvédique où Delyan nous rejoint. Une soirée "bossa samba brazil" a lieu dans un bar : on y retrouve Darina et Ani (qui parlent quasiment parfaitement portugais), Rebekka -qui arrive de Burgas et va en France le lendemain, et d'autres amis. Finalement, il n'y a pas grand monde qui danse la bossanova ou la samba, mais la soirée est sympa. Même pour peu de temps, je suis contente que Stéphane et Rebekka ait pu se rencontrer, car ce sont deux très bons amis. Encore une nuit  qui sera courte (plus une sieste en fait : 30 minutes), leurs avions décollent à 6h...

Stéphane, merci encore d'être venu ! Cette semaine est passée très vite et en même temps j'ai eu l'impression d'avoir vécu beaucoup plus que sept jours ; c'est un peu la même chose pour cette année... Les deux semaines à venir vont sans doute passer bien trop vite aussi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire