lundi 1 mars 2010

Честита Баба Марта : joyeuse grand-mère Marta !

"Tchestita Baba Marta" à tous !

Sofia, du gris des immeubles et de la neige devenue boue à la fin de l'hiver, est tout d'un coup devenue entièrement rouge et blanche depuis quelques semaines, des rues aux gens. C'est que voici venu le mois de Baba Marta, que je trouve être l'une des plus belles traditions bulgares.

La place Popa à Sofia

Le 1e mars, tous les Bulgares s'offrent des "martenitsa", des bracelets de toutes formes, des pompons ou des figures en laine à accrocher sur ses vêtements, du côté du coeur -ce qui compte est qu'elles soient en rouge et blanc.


Tous les amis et connaissances s'en offrent, et même parfois les vendeurs dans les magazins à leurs clients. C'est très rigolo de voir tout le monde se balader avec ces couleurs depuis le début du mois, ça donne l'impression d'une complicité entre les gens, d'un signe de reconnaissance.

Mon premier Pijo, en blanc, qui doit être accompagnée par son alter ego rouge, Penda. Derrière, Dessi, une stagiaire qui travaille trois semaines avec nous pour le Balkan Youth Festival.

Les martenitsa apportent santé et prospérité. Il faut normalement les garder jusqu'à ce qu'on voie une cigogne voler dans les airs ou un arbre en fleurs, signes de la fin de l'hiver. On les accroche alors à des branches d'arbre, d'où personne ne doit les décrocher, ou encore sous une pierre. En se baladant en Bulgarie, pendant toute l'année, on peut voir des martenitsa un peu partout, dont à des endroits improbables (comme au milieu de la forteresse de Belogradchik), et sans doute parfois très vieilles.


Claire et des martinitsa, Belogradchik

Baba Marta, Grand-mère Mars, est responsable du temps et de l'arrivée du printemps. On dit que selon son humeur, le soleil se montre ou la neige tombe. Comme elle est très capricieuse, ça donne de très belles journées où on se prend à rêver du retour de la chaleur, puis soudain le retour de la neige et du verglas, où tout le monde se plaint d'elle et de son caractère lunatique.




Quelques versions de l'origine de cette tradition unique au monde. A vous de voir celle que vous préférerez garder (de http://www.bulgaria-france.net/) :
Grand-mère Marta était sortie avec sa petite fille Martitchka emmener les brebis au pâturage. Elle tricotait et Martitchka (la petite Marta) jouait avec les agneaux. Soudain, un vent très fort se mit à souffler et fit s'envoler le tablier de la petite fille, qui commença à pleurer. Les buissons s'étaient colorés avec les filaments rouges et blancs du tablier. Pour la calmer, Baba Marta récupèra les filaments blancs et rouges, les torsada et les enroula au poignet de Martitchka, ainsi qu'autour du cou des agneaux. Les amies de Martitchka arrivèrent et Baba Marta leur offrit également des petits bracelets. C'était un 1er mars.
Une seconde version :
Khan Asparukh (le fondateur du premier royaume bulgare en 681) avait promis d'envoyer à sa femme un fil blanc lié à la patte d'un pigeon dès que la bataille se serait terminée pour l'informer de la victoire. Au cours de cette bataille très longue et pénible Khan Asparukh fût bléssé au bras et des gouttes de sang tachèrent le fil blanc. Ce fût ainsi que nacquit la première martenitsa, signe de victoire et de prospérité. C'était un 1er mars.
Ou encore (http://belgaria.chez.com/) :
Les hommes qui partaient à la guerre laissaient leurs familles dans les villages et les femmes, qui souffraient de l'absence de leurs maris, leur donnaient donc de petites bandelettes de tissu rouge et blanc pour protéger leurs mains et des petites poupées de laine (blanches pour les filles et rouges pour les garçons), afin qu'ils se souviennent de leurs enfants. La couleur rouge représente le sang des guerriers, tandis que le blanc était la couleur du visage des femmes inquiètes par la guerre.
Une dernière (parmi tant d'autres) :
Les cinq fils de Khan Kubrat étaient à la chasse accompagnés par leur soeur Houba. Un oiseau arriva soudain vers eux, leur apportant de mauvaises nouvelles. Le fondateur de la Bulgarie était sur son lit de mort. Kubrat voulaient faire revenir ses fils - Bayan, Kotrag, Asparuh, Kuber et Altsek - et leur faire promettre de défendre la Bulgarie et de rester unis.
Peu après la mort de leur père, les Khazars envahirent leurs terres. Le Khazar Khan Ashiba conquit la capitale et Houba, la fille de Kubrat, fut faite prisonnière. Souhaitant donner à ses frères la possibilité d'être libres, Houba tenta de se suicider, mais elle en fut  empêchée par les gardes.
Ses frères tenirent leurs promesses de différentes manières. Bayan resta avec sa sœur et reconnut la suprématie des Khazars. Kotrag partit au nord, vers la rivière Volga, tandis que Asparuh, Kuber et Altsek partirent au sud à la recherche d'une terre sans oppresseurs. Ils conclurent secrètement avec Houba d'envoyer un mot attaché par un fil blanc à la patte d'un oiseau, dès qu'ils auraient réussi à trouver une terre libre.
Un jour, un faucon envoyé par Asparuh arriva dans la chambre de Houba. Bayan et Houba décidèrent de partir secrètement. Alors qu'ils cherchaient à traverser le Danube, leurs poursuivants les repérèrent. Essayant de trouver un passage, Houba laissa le faucon libre. Elle avait attaché un fil blanc à sa patte et le tendit à son frère.
Quand l'oiseau fut sur le point de s'envoler, une flèche ennemie perça Bayan et de chaudes gouttes de sang tâchèrent le fil blanc. Néanmoins, Bayan et Houba atteignirent la terre qu'Asparuh avait trouvée. Il accueillit son frère mourant et sa sœur. Il déchira en morceaux le fil coloré en rouge et blanc et en orna ses soldats.
Alors joyeuse Baba Marta, et comme on souhaite ici à tout bout de champ (encore tout à l'heure, ma voisine de tramway, une vieille dame turque très gentille), que vous soyez vivants et en bonne santé !

1 commentaire: