lundi 1 février 2010

Festival de koukeri à Pernik


Vous vous souviendrez peut-être de notre voyage raté à deux semaines près pour voir les Koukeri de Pernik, Laurent, Kevin et moi ? (post du 17 janvier, A la chasse aux Koukeri). Deux semaines plus tard, le 31 janvier, la petite ville industrielle sans grand intérêt s'était métamorphosée ! Kevin et moi y retournons avec Valya, Nicolas et Ivo.

Nicolas, Ivo et Kevin (photo de Valya)

Puis sur place on retrouve un peu plus tard Héodès, Povka, Christophe et Tom (volontaires européens), et la fameuse Zlati.

De haut en bas, Tom (Allemand), Christof (Autrichien), Kevin (Français), Héodès (Française / Bretonne) et Povka (Lithuanien)

Kevin et Héodès

Un petit mot sur Zlati : on s'est d'abord rencontré à une conférence qui rassemblait différentes ONG à Sofia, en octobre. Puis on s'est revu par hasard à un débat organisé par Café Babel en novembre. Elle était ensuite interviewée dans un article de Elle sur les jeunes femmes bulgares (ses propos ont d'ailleurs été complètement déformés). On se croise ensuite dans le bus à Sofia. Qui voilà à nouveau au spectacle de Noël des enfants de l'orphelinat dans lequel je veux donner des cours de français ? Puis encore à une conférence sur la violence envers les enfants handicapés. Il y a quelques semaines, elle était aussi à la conférence sur les visions citoyennes de l'Europe en 2020 organisée par l'Institut Européen, pour lequel je suis aussi volontaire - sachant que toutes ces organisations n'ont rien à voir entre elles. Ce n'était donc presque pas une surprise de la retrouver dans la foule à Pernik !

Voici un article que j'ai écrit sur ce festival pour Cafebabel :

"Pernik, 29-31 janvier 2010. Des bêtes de cinq mètres de haut, dont trois de cornes, courent dans tous les sens. Ces monstres couverts de poils, brandissant leurs morceaux de bois comme des sabres, se jettent les uns sur les autres dans un vacarme étourdissant de cloches de toutes tailles. Quelle folie s’est emparée de cette calme ville industrielle bulgare ?
Pendant trois jours, Pernik est devenu le centre de tous les regards en Bulgarie, car la ville accueille le plus grand festival de koukeri du pays et de toute la péninsule balkanique. Ce rituel très ancien vient de la croyance païenne selon laquelle des esprits malfaisants et impurs menacent la nouvelle année. Le rôle des koukeri est de les effrayer et d’assurer à la fois une récolte fructueuse et la fertilité des hommes et des animaux. Ces rituels masqués ont lieu dans de nombreuses villes bulgares de Noël au dimanche précédant le début du jeûne de Pâques. En principe, seuls des hommes célibataires peuvent jouer le rôle de koukeri. Ils portent des vêtements faits de peaux d’animaux, de gigantesques masques en bois très impressionnants, et de nombreuses cloches -parfois de presque un mètre de diamètre- censées renforcer le pouvoir protecteur des masques. Armés de lances au bout desquelles des petits animaux morts sont parfois suspendus, ils marchent d’un pas massif en souhaitant à la ville prospérité et richesse. Lors de leurs danses effrénées –auxquels les spectateurs sont amenés à participer-, les cloches qui se cognent résonnent dans un bourdonnement qui a quelque chose de grandiose et de tout à fait mystique.
Le festival de koukeri de Pernik, appelé aussi « Surva », est le plus vieux de Bulgarie, sa première édition ayant eu lieu en 1966. Le succès faisant (plus de cinq mille spectateurs sont attirés à Pernik chaque année), il reçoit désormais des participants venus de très nombreuses régions non seulement de Bulgarie mais également du monde. Pour la première fois, Pernik a notamment accueilli un groupe venu de Chine. Les masques rivalisant de grandeur et de monstruosité ont une très grande valeur ethnographique, car les matériaux et artisanats utilisés sont une riche source d’informations sur les différentes cultures représentés.
Le rituel des koukeri est d’une part toujours très vivant dans le folklore bulgare dans sa forme traditionnelle ancestrale, mais il a également su s’adapter aux temps modernes, comme à Pernik. La transformation en kouker (singulier de koukeri) n’est plus seulement réservée aux jeunes hommes, mais également aux femmes ou aux enfants qui le souhaitent. Il n’était pas rare notamment de voir défiler de tous jeunes koukeri qui du haut de leur mètre trente n’en étaient pas moins effrayants. Une nouvelle tendance est également celle des scènes parodiques, qui se moquent notamment des rôles sociaux à la manière des carnavals en Europe de l’Ouest, et des concours. Le public de Pernik était invité à voter pour les groupes qu’ils préféraient, tandis qu’un jury classait tous ceux qui défilaient selon des critères tels que la présentation des spécificités locales du rituel, la performance artistique ou la qualité des masques et costumes. Plus loin, des ateliers présentaient aux spectateurs la fabrication des masques, tandis que d’autres participaient échangeaient lors de tables rondes sur les mascarades et carnavals en Bulgarie.
Dimanche soir, le festival fut clôturé par une danse traditionnelle bulgare, le horo, puis par la nuit de l’amitié, rassemblant tous les groupes étrangers au Palais de la culture. Cet acte final est symbolique de l’esprit animant Pernik chaque année lors de la Surva : la promotion d’une culture ancestrale vivante mais également moderne, non exclusive d’autres cultures et ouverte sur le monde."
Quelques photos pour y voir mieux :

Les Noirs sont tellement rares en Bulgarie que les seuls qu'on voit se sont maquillés la peau !

Une journée hautement bulgare

Défilé de koukeri





Les Chinois sont invités d'honneur

Et un groupe du pays Basque a aussi fait la route pour participer au festival de Pernik












Super-journaliste sur le terrain

Kevin se fait attaquer à la broche à fromage


Participantes basques

Les All Black n'ont qu'à bien se tenir


Concert improvisé dans les rues de la ville

Rencontre avec un monsieur afghan très gentil, Moammad. On discute un peu, il parle très bien bulgare et navigue entre Sofia, où il étudie le tourisme (?) et Kaboul, où vit sa famille. Puis on repart chacun de nos côtés, heureux de cette rencontre inattendue, après avoir échangé nos adresses pour que je lui envoie ces photos. Mais vingt secondes plus tard, il me rattrape pour m'offrir un petit bracelet d'Afghanistan ! Cette générosité est très émouvante. Je suis toujours étonnée que ce soit les gens qui en ont le moins qui en donnent le plus.

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