lundi 27 juillet 2009

Plovdiv au soleil

"Le contraste entre Plovdiv et Sofia est frappant. Plovdiv fait du charme au voyageur et celui-ci est aussitôt séduit. Autant Sofia est sombre, rude, sévèrement gardée par le mont Vitocha, autant PLovdiv est lumineuse et se déploie nonchalamment au bord de la Maritsa. Elle a des rues marchandes qui conduisent à la rivière dont le courant roule les eaux bleu-gris, un parc superbe avec son kiosque à musique, une église ancienne, siège de l'exarchat, une vieille mosquée devenue monument historique et un haut quartier ou s'élèvent dans leurs jardins les demeures patriciennes qui furent grecques." Balkans-Transit, François Maspéro, page 345.

Le weekend commence par un réveil matinal et un tramway jaune très lent vers la gare, direction Plovdiv, au Sud-Est de Sofia. On part avec le soleil, on rentrera avec lui, et en fait il ne nous lâchera pas des deux jours.

On nous a prévenu Amelie et moi : ce weekend, la chaleur serait infernale. Oh, et à Plovdiv, encore pire. On s'attend à tout. C'est notre première sortie hors de Sofia, notre premier voyage seules aussi. Un premier aperçu de la campagne bulgare, des paysages magnifiques, toutes les nuances de vert.

Une fois là-bas, nous retrouvons Mariyan, un copain bulgare qui fait ses études à Paris, et ses amis. Fin de matinée, le soleil commence à taper : on se réfugie dans un café. Ambiance tour de Babel : Mario ne parle que français et bulgare, sa cousine anglais, allemand et bulgare, et son amie anglais français et bulgare. Sachant que nous sommes Française et Allemande... Aucune langue commune ! On parlera donc un peu toutes les langues.

On s'aventure dans les rues de Plovdiv vers 5h, pour éviter le soleil aux heures les plus chaudes.


La rue principale est presque déserte. Beaucoup de magasins sont fermés. Un samedi après-midi dans une grande ville touristique. Il paraît qu'il fait 43°... On cherche l'ombre et on fait les touristes dans une ville sans touristes. Les façades en stuc de toutes les couleurs me font penser à des décors de cinéma, on dirait une ville-tournage.

La vieille ville de Plovdiv est très belle. Elle est construite sur plusieurs collines, on monte et on redescend sans arrêt. Les maisons sont rouges, jaunes vertes, chaque étage dépassant le précédent, au point qu'ils finissent presque par se toucher (voir photo ci-dessous). Lamartine a passé trois nuits lors de son voyage en Orient dans une maison qui depuis porte son nom.
A gauche, Amelie et Mario pausent pour le peintre.



Autre grande première ce weekend : soirée dans les boîtes bulgares, et en particulier dans les boîtes de "tchalga", la musique dite pop-folk en Bulgarie. En gros, la variété. D'abord, une précision sur un stéréotype faux : toutes les Bulgares ne sont pas mannequins. Mais beaucoup font tout pour, des cheveux (blonds) jusqu'aux bouts des ongles, en passant par des tenues sophistiquées et un temps de préparation... important. Beaucoup s'étaient donné rendez-vous en boîte samedi, au club rétro où on était. Changement de musique, on part pour la boîte "tchalga", changement d'ambiance : un décor insolite, sombre, néons, et représentations de peintures antiques jusqu'aux plafonds des toilettes. Le must : derrière le comptoir, la création d'Adam de Michel-Ange. On a bien ri toute la soirée avec Amelie, Mario, Elena (le monde est très petit : non seulement elle vient de passer six mois à Sciences Po comme étudiante Erasmus, mais elle habitait alors à dix minutes de chez moi à Paris), Kati (qui nous héberge) et les autres.
Surprise le lendemain matin : Amelie et moi, on s'est enfermées (toutes seules !) dans la chambre où on dormait. Décidément, pas de chance avec les portes bulgares : en rentrant à Sofia, je découvre que ma clé de la porte de l'immeuble (qui normalement est ouverte) n'est pas la bonne (déjà que celle de la porte de l'appart non plus), et la poignée de la porte de la salle de bain a encore fait des siennes et après avoir menacé de nous enfermer plusieurs fois, elle a rendu l'âme -pas pratique. Bref, pour cette chambre à Plovdiv, on a eu de la chance, il y avait un balcon qui permettait de passer à une autre chambre sans jouer les acrobates au quatrième étage.
Visite du centre de Plovdiv le lendemain, Amelie a pris un train plus tôt.

"Ce désordre typiquement balkanique de débris d'histoire incompatibles entre eux, semblables aux fragments de magnifiques vases anciens, aux céramiques grossières ou aux pièces de monnaie verdâtres que la terre recrache aussi continûment qu'un distributeur automatique, tout cela participe sans doute du caractère intangible de la ville."
Angel Wagenstein (écrivain et cinéaste de Plovdiv), Abraham le Poivrot

Inattendu : je me retrouve au milieu d'un mariage musulman. C'est au moins le quatrième mariage qu'on croise du weekend, que se passe-t-il dans cette ville ? Une carriole attend les futurs mariés devant la mosquée, les femmes scintillent de toutes les paillettes dont elles ont couvert leur corps, leurs cheveux, et leurs robes déjà éblouissantes. Les petites filles sont des modèles miniatures, avec des couronnes sorties de contes de fée.
Retour à Sofia, des petits yeux : la fatigue, le soleil, ou le voyage en train passé la tête à la fenêtre ?

jeudi 23 juillet 2009

Une semaine

Une semaine déjà… Déjà, tout doucement, on commence à se plonger dans la ville, à se la faire sienne, comme j’aime bien le dire. On s’aventure maintenant dans Sofia, la carte à la main. Une sorte de quotidien se forme peu à peu. Ah les débuts ! Difficile de croire qu’il y a une semaine tout ça m’était inconnu.

L’appart lui aussi prend vie. Après l’avoir baptisé par une première fête le week-end dernier, nous lui avons donné un nom : « the Embassy », l’ambassade ; une plaque est en préparation. Fred a trouvé dans des poubelles un globe terrestre en bulgare et une mappemonde… en français ! Nos lits sont arrivés, finis les matelas gonflables sur lesquels le moindre mouvement se révélait être un véritable exercice d’équilibre. Les cartes postales et les photos ont commencé l’invasion de mes murs.

Amelie et moi n’avons pas encore vraiment commencé à travailler (aujourd’hui sans doute), mais les cours de bulgare avec Maria ont commencé et déjà pas mal de devoirs. Comme copier cinq fois l’alphabet cyrillique, en belles lettres : je me retrouve il y quinze ans (wao je me sens vieille de dire ça!). On bafouille, on trébuche sur les mots, mais on a de l’espoir !

Dimanche 19 juillet : sur le mont Vitosha

Premier lever matinal, c’est-à-dire avant 11h-12h. Il faut bien, on part aujourd’hui marcher dans la mont Vitosha, qui entoure Sofia, et mieux vaut éviter les heures les plus chaudes de la journée. Pas bien réveillés, pas bien équipés non plus (le sac à main fera office de sac à dos pour aujourd’hui), on se met en route pour la nature, dont on n’a pour le moment pas vu grand-chose à part les parcs, alors que c’est quelque chose de très important pour les Bulgares.

On s’attendait seulement à une épreuve d’endurance, mais en fait le mélange de marche et quasiment d’escalade rend la montée parfois pas du tout évidente. Difficile même d’apprécier le paysage tellement il faut être concentré sur ses pieds. Mais ce n’est peut-être pas plus mal, ça nous permet de découvrir la vue une fois arrivés en haut… et quelle vue.




Certes, j’imaginais plus la grande cascade comme un petit paradis perdu au milieu de la forêt, alors que visiblement une bonne partie de Sofia s’était donné rendez-vous ici (dont des bronzeurs qui se prenaient pour des mannequins dans ce cadre digne d’une pub de shampooing, sans doute passés par l’autre route, la facile), mais ça valait quand même le coup.



Une fois là haut, pique-nique option vue imprenable et longue pause pour profiter de l’air de la montagne.

Ci-contre, mes collocs, Fred et Amelie.



mercredi 22 juillet 2009

Cassedédi Klervi

Je suis connectée, alors une rapide nouvelle fraîche pour Klervi : les pierres zens et cools sont accrochées au-dessus de mon lit !

:)

samedi 18 juillet 2009



15 juillet : le jour du grand départ...

L'excédent de bagages me fait peur, je porte deux couches de fringues sur moi, un manteau, une écharpe, un bagage à main qui menace d'exploser à tout moment, et les 20 kilos pour la soute sont respectés. D'autres voyageurs ont sans doute été moins prévoyants : l'avion part avec une heure et demie de retard, pour cause de retard dans le transport des bagages. Pas de fenêtre pour moi, je me penche de tous les côtés pour voir un bout de ciel et enrage contre tous les blasés et indifférents assis contre les hublots. Je rattrape quelques heures de sommeil manquantes, mais j'ai tellement hâte d'être en Bulgarie que j'ai du mal à dormir.

Descente de l'avion, des montagnes, des champs à perte de vue, beaucoup de vert, et une grande ville qui approche. Arrivée à Sofia, je retrouve Pepi, mon "mentor" de cette année, qui m'attend avec un petit carton à mon nom. Il doit avoir 25-30 ans, plutôt "roots", et parle très bien anglais, ce qui est pratique vu mon bulgare actuel. Il fait très chaud. On prend le taxi pour aller à l'appart, que je vais partager avec deux Français et une Allemande :

BULGARIA, Sofia 1606
13/A Hristo Botev boul.
Floor 4 ; flat 10


Rencontre avec Kevin le Toulousain et Fred le Lillois, qui sont là depuis un mois et demi déjà. L'appart est très grand, une chambre pour les mecs, une pour Amelie et moi, une sorte de salon dans l'entrée et un autre salon, une salle de bain, et une cuisine toute neuve. Et... deux lustres en plastique au plafond. Les garçons viennent aussi d'emménager, tout est encore blanc et un peu sans vie, mais on va changer ça. Petite ballade en ville en attendant l'avion d'Amelie. J'imaginais la circulation dans les rues bien pire, mais il faut quand même regarder trois-quatre fois avant de traverser, et être près à courir si une voiture a décidé d'avancer. Pas mal d'affiches un peu partout, des bâtiments variés, couverts de câbles. On passe par un parc près de chez nous, celui du palais national de la culture, un vestige communiste assez laid. Pepi nous emmène dans un autre parc, devant le théâtre national. Tout le monde est de sortie, des poussettes aux vieux. Pepi, Kevin et Fred n’arrêtent pas de croiser des amis, musiciens, jongleurs… On se pose avec eux un moment, l’ambiance est parfaite.

L’avion d’Amelie n’a pas de retard. Enfin, on se rencontre, après tous ces emails échangés. Elle a 19 ans, c’est notre benjamine (Kevin a 22 ans et Fred 26-27), vient de Hambourg, et a l’air très sympa.

Jeudi 16 juillet : première journée bulgare

Mes courbatures sont tenaces et résistent à la première (longue) nuit à Sofia. Encore un jour de grand soleil, impossible d’imaginer Sofia sous la neige. Le bureau dans lequel on va tous travailler est à un quart d’heure à pied. Il y a des arbres ou des arbustes dans presque toutes les rues. Amelie et moi essayons de déchiffrer les signes en cyrillique… pas toujours évident.

Emilia et Vladi nous accueillent au bureau, où ils ont préparé un repas. L’accueil est super, il y a même une banderole nous souhaitant la bienvenue. Vladi ne parle que bulgare, mais Pepi traduit et nous permet de communiquer facilement. Au menu, salade Chopska, du nom de la région dans laquelle se trouve Sofia (tomates, concombres, poivrons, feta).

Grande balade avec Pepi et Amelie, qui n’a pas encore vu la ville. Je suis très enthousiaste. Dans la rue du bureau, des musiciens jouent de la musique traditionnelle. A côté, un grand marché de livres. On se dit avec Amelie qu’on pourrait peut-être acheter des livres pour enfants et se lire ces histoires, pour débuter. Nous arrivons dans le centre historique, reconnaissable très facilement par les pavés jaunes sur le sol. Beaucoup de grosses voitures, de magasins de marques très chers, d’églises orthodoxes très belles.

Pepi nous dit qu’il faut retourner au bureau. Ca paraît un peu bizarre, mais tout est tellement nouveau ici qu’on ne se pose pas trop de questions. Là-bas, une fête surprise nous attend ! Une journaliste est là avec son photographe, notre future prof de bulgare, Maria, et tout un tas de gens plus ou moins liés au Balkan Youth Festival. On fête aussi une grande nouvelle pour l’association : l’agence nationale bulgare a accepté la venue de 20 volontaires court terme pour le festival. Découverte des banitsa et nombreuses rencontres.

La soirée se finit à nouveau dans le parc du théâtre national. Les cracheurs de feu crachent, les jongleurs jonglent, les joueurs de tennis jouent, et les jeunes, dont nous, se retrouvent tous. A nouveau, tout le monde retrouve pleins de monde et on rencontre d’autres volontaires (France –une Bretonne !-, Allemagne, Espagne…). La température est agréable, et même si la soirée est bien (bien) avancée, tout le monde est en T-shirt et robes.
Retour à l’appart, pleine de belles premières impressions.

Vendredi 17 juillet

Grosse chaleur. Pepi propose de remplacer notre marche dans la ville (pour qu’on se repère rapidement) par un thé, dans l’un des endroits qu’il préfère, à deux pas de chez nous : Veda House. Ambiance indienne, pas de chaussure, énormes poufs, et thé délicieux. Celui d’Amelie est décrit comme « permettant d’attraper les nuages et de les écarter pour laisser voir le ciel bleu ». :)

Déjeuner avec les garçons dans un petit resto bulgare.
L’après-midi, Emilia (Emi) nous donne plus d’infos sur le Balkan Youth Festival. C’est elle qui l’a créé en 1996, alors que les Balkans étaient en guerre. L’idée est de rassembler les jeunes des Balkans autour des arts et coutumes traditionnels et des créations modernes. Le festival existe depuis quatorze ans, ce qui est exceptionnel, vu le peu de considération du gouvernement bulgare pour la politique de la jeunesse. Pendant longtemps, il a eu lieu à Gabrovo, puis depuis quelques années, à Sandanski, dans le Sud-Est du pays, où on va habiter un mois en septembre. Emi nous a montré des photos et des films, ça donne envie d’y être.

Comme la chambre était déjà un bordel monstre, on n’avait rien défait de nos bagages, on a profité du début de soirée pour s’organiser un peu avec Emilie. Pas encore de photos ni de déco, mais on se sent déjà plus chez nous. Nos lits ne sont pas encore arrivés, donc pour le moment on dort sur des matelas gonflables.

Et le soir, première vraie grosse soirée, dans un bar de Sofia, pour le concert d’un groupe bulgare. Prévu à 22h, ça a du commencé vers 23h30 : le percussionniste, avec une sorte de grosse caisse, les joueurs de cornemuse bulgare (!), de mandoline, de guitare étaient sur scène, et une vieille dame, haut à fleurs, collier rose un peu toc, chignon niquel, monte et commence à chanter. Tout le monde était sous le charme. Peu à peu les gens ont commencé à danser. Les airs, et danses, avaient des petits airs bretons parfois (non, ce n’est pas du régionocentrisme ^^), en particulier une ronde, dans laquelle on est tous allé danser. Au bout de quelques tours et après avoir failli tomber deux trois fois à cause d’une enceinte, mes pas ont commencé à ressembler –très grosso modo- à ceux des autres. Il y avait des gens de tout âge, et une ambiance incroyable. On est rentré dans la nuit, avec Sergui, un copain à Kevin et Fred, volontaire géorgien qui dort ici ce weekend.

Samedi 18 juillet

Lever très dur ce matin, pour acheter casseroles, passoires, couverts, et tout ce qui nous manquait encore. A cause de la chaleur, et de la pendaison de crémaillère / soirée de bienvenue (encore !) de ce soir, journée un peu tranquille…

mardi 14 juillet 2009

LOS !

Ça y est, l'heure H et le jour J se rapprochent, dangereusement...
Je n'aurais pas pensé, mais les difficultés commencent avant même le voyage ! Le plus dur n'est pas de ne rien oublier, mais de savoir faire des -tas de- sacrifices. Comme le hautbois... Hé faut bien que j'amène des fringues aussi... Autre difficulté : le blog. J'ai honte à côté de ceux des autres, comme par exemple : http://kapkapokapka.canalblog.com. Mais comme ils disent, "kapka po kapka vir stava" : goutte à goutte devient un trou d'eau.